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N° 1125 - Magret à Martigues [MOIS-Peintre et Peintures] par Scrablor

Comme on le sait, l'inspecteur Magret a souvent opéré à Paris où sa cible préférée, Arsène Lapin, avait ses habitudes. Une fois pourtant, il dut se rendre en Provence pour tenter de résoudre une énigme de plus par la faute du lagomorphe insaisissable... Il était attendu au musée Félix-Ziem de Martigues où s'était déroulé un spectaculaire vol de tableaux, vol revendiqué par le rongeur dans une lettre laissée en évidence sur l'un des murs dépouillés.

- Inspecteur Magret, nous vous attendions !
- Laissez-moi reprendre mon souffle. Maudit carnaval, j'ai dû laisser ma voiture à perpète...
- Justement, Lapin a profité de cette manifestation pour perpétrer son méfait.
- J'ai trouvé un parking près du canal. J'ai parcouru à pied tout le quai des Girondins et le boulevard du 14-Juillet pour arriver ici...
- Vous auriez pu couper par la rue Colonel Denfert. Mais passons, l'essentiel est que vous soyez là. Je vous montre tout de suite la lettre du malfaiteur. J'espère que vous saurez le localiser.

« Cher Inspecteur Magret,

J'ai noté lors de notre dernière confrontation que vous étiez bien pâlot. Manifestement, vous manquez de soleil, votre peau a besoin de rayons généreux pour prendre des couleurs.

Comme le musée martégal proposait une exposition extraordinaire, j'ai jeté mon dévolu sur ses plus belles pièces. Si vous vous montrez perspicace, vous pourrez deviner dans quelle petite commune je vais me cacher en attendant de remonter à la capitale.

Certes, j'aime bien vous faire marcher, mais ici je serai gentil : les noms des tableaux que j'ai emportés seront dans le bon ordre.

- Les Trois Marins, de Raoul Dufy
- L'Arbre rouge, de Francis Picabia
- Prostitution universelle, de Francis Picabia
- Le Jardin abandonné, de Raoul Dufy
- Rita van Leer, d'André Derain
- Le Violon rouge, de Raoul Dufy
- Fleurs, de Félix Ziem
- Nu aux bras croisés, d'André Derain
- La Mariée, de Francis Picabia
- Arlequin à la guitare, d'André Derain

Je vous souhaite bonne chance !

Arsène Lapin. »

Aidé par les policiers locaux, Magret lut et relut cent fois la lettre, en vain. Les heures passaient, Lapin risquait de quitter rapidement le petit village mystérieux. La mort dans l'âme, l'inspecteur regagna sa voiture en se remémorant la liste qu'il connaissait désormais par cœur. Fut-ce l'effet de l'air marin ou du petit vent frais du soir ? C'est à ce moment-là seulement qu'il déchiffra le nom du village. Le temps de s'adjoindre deux policiers pour l'y accompagner, il ne lui manqua presque rien pour cueillir le fripon aux longues oreilles...