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N° 757 - La Caverna Real de Oro [KORI] par Rico

Cela faisait maintenant presque une demi-heure que Kori tâtonnait dans une obscurité presque palpable. Il s’arrêta et se remémora l’enchaînement des derniers jours…

Après plusieurs mois d’étude des « Memorias del Conquistador Bartolomé del Río », dont il avait trouvé certainement l’un des tous derniers exemplaires chez un bouquiniste des quais de Seine, Kori avait réussi à localiser l’entrée de ce que Bartolomé appelait « la caverna real del oro ».

Comme d’habitude, le sang de Kori n’avait fait qu’un tour et il avait décidé de repartir à l’aventure. Les préparatifs de l’expédition avaient vite été bouclés, et Kori s’était rapidement retrouvé seul, au milieu de la jungle mexicaine, au fin fond du Yucatán.

Les bornes qui, selon Bartolomé, permettaient de retrouver l’entrée du souterrain, avaient été quelque peu difficiles à dénicher. Mais à force d’obstination et de persévérance, qualités dont Kori n’était pas avare, l’aventurier avait fini par trouver l’ouverture recherchée et s’y était engagé, uniquement armé de sa lampe-torche.

Au début, la progression était facile. S’il avait fallu dégager l’entrée du boyau, masquée depuis tant d’années par une végétation devenue luxuriante, le souterrain était large et lumineux et Kori avançait rapidement.

Mais comme Kori pénétrait de plus en plus loin dans les entrailles de la terre, l’avancée devenait à chaque pas plus délicate : les puits de lumière qui assuraient à Kori un contact avec l’extérieur s’étaient espacés, jusqu’à disparaître complètement ; les parois du souterrain s’étaient rapprochées, le plafond s’était abaissé et par endroits, Kori devait se mettre à ramper, sa lampe-torche dans la bouche.

Il avait ensuite fallu affronter, lors de passages dans des salles plus dégagées, des hordes de chauves-souris que le faisceau lumineux de la lampe de Kori avait sorties de leur sommeil, les odeurs pestilentielles émanant de mares glauques, la solitude, surtout.

Et les pièges…

Curieusement, les pièges ne constituaient pas le principal souci de Kori. Son sixième sens inné lui dictait la conduite à tenir, les pierres branlantes à éviter, les anfractuosités susceptibles de dissimuler des arbalètes… Tout cela, il connaissait et il savait gérer.

Non, ce qui préoccupait Kori à l’heure actuelle, c’était son équipement. Depuis une demi-heure qu’il était dans le passage le plus délicat, un boyau où il devait ramper, sa lampe donnait des signes de fatigue. Il avait un moment envisagé de faire demi-tour, mais c’était impossible dans ce boyau des plus étroits. Il s’était résigné à poursuivre, tant bien que mal, en économisant au maximum son unique source de lumière.

En souriant malgré sa position inconfortable, Kori se remémora l’enfer de la Terre Adélie, ce désert de blancheur. Il se demanda ce qui était le pire, au final : l’immensité immaculée de la banquise, qui agressait le regard, ou cette absence de tout, cette impression que les yeux ne distingueraient plus jamais la moindre image ?

Tous les sens de Kori étaient en alerte, mais seuls ses doigts pouvaient en définitive lui apporter quelque information…

Tout à coup, le boyau dans lequel Kori se contorsionnait péniblement s’élargit, et Kori sentit avec soulagement qu’il pourrait enfin se relever pour faire demi-tour, même s’il lui en coûtait. C’est le silence qui sauva Kori : en se relevant, il poussa du pied un minuscule caillou qui chuta dans un puits, a priori vertigineux, dans un vacarme paraissant assourdissant au milieu de ce désert phonique. Kori s’immobilisa juste à l’aplomb du gouffre.

Bizarrement, il sut qu’il était arrivé à un point crucial de sa progression. Agenouillé, à l’aveugle, en tâtonnant, il constata que le puits avait été façonné par la main de l’homme. Il s’agissait plus sûrement d’une vaste salle.


Kori devait savoir ! Il reprit sa lampe-torche en main, se promettant de ne pas gaspiller le peu d’énergie qu’il lui restait. En prenant une respiration profonde, il l’alluma et projeta le faisceau lumineux vers le sol.
Ce qu’il y vit l’étonna, mais le convainquit qu’il était sur le point d’aboutir.

Il ne pouvait malheureusement continuer dans ces conditions. La profondeur du « puits », qui était effectivement une immense salle cubique, était trop importante pour qu’il puisse y descendre en rappel avec l’équipement qu’il avait emporté. Et puis, il n’était vraiment pas prudent de poursuivre l’expédition en risquant à tout moment d’être irrémédiablement plongé dans le noir, sans espoir de retour.

Kori, avec regret, s’engagea à nouveau dans le souterrain étroit par lequel il était arrivé. Il savait qu’il pourrait bientôt revenir, qu’il pourrait récupérer l’objet qu’il avait entraperçu dans la pénombre, et que celui-ci lui permettrait de bientôt atteindre son but.

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