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N° 767 - Acte II, Scène 3, passagers [RICO] par Rico

Rico est monté de justesse dans l’avion. Il a dû courir à toutes les portes d’embarquement pour trouver la bonne… Et comme de juste, c’était la dernière à laquelle il s’est rendu !

Rico, il a enfin trouvé son siège. C’était pas trop difficile : comme il est entré le dernier, son siège est le seul qui soit vide. Ça lui a quand même pris deux minutes, à Rico…

Pas de le trouver, mais de l’atteindre.

Parce que ces avions, ben quand même, hein, ils sont mal foutus, pense Rico.

La compagnie Dhylaonienne a une façon étrange d’arranger les sièges... Il n’y a pas d’allée centrale, juste une série de dix fauteuils collés les uns aux autres. La seule allée est à gauche et Rico, il est dans la quatrième rangée, le plus à droite possible, il faut qu’il passe devant tout le monde…

Rico, il s’installe et puis tout de suite, il s’ennuie.

Comme il ne sait pas quoi faire Rico, il analyse les gens.

Dans la première rangée, de gauche à droite, il y a un gros homme qui a dû un jour être playboy parce qu’il a gardé ses longs cheveux blonds, un garçon très fin, les cheveux noirs en brosse qui mord l’oreille de la jeune rousse qui est à côté de lui et qui a pas plus de cheveux que lui, un vieil homme aux longs cheveux blancs que Rico, il croit que c’est Hugues Auffray, et que la fille à côté le dévore des yeux avec ses longs cheveux verts et ses deux cents kilos, une grand-mère, comme dans les livres, avec des cheveux blancs tout court et des grosses lunettes de vue qui accompagne son petit-fils, un gamin tout roux coiffé comme un hérisson, un mec aux long cheveux noir, comme un Indien, maigre pareil, une petite fille blonde avec des grandes couettes qui ne doit se nourrir que de bonbons au vu des bourrelets qui dépassent de ses habits et un type épais comme un ticket de métro qui a encore quelques rares cheveux pourtant noirs.

Il se trouve pas mauvais du tout à ce jeu, Rico. Alors il continue.

Deuxième rangée, de droite à gauche : un père et son fils se dit Rico. Le père a beau être tout très ridé, les cheveux longs et abîmé , blanc sale et le fils, les cheveux courts propres et roux, plein de la vivacité de la jeunesse, je suis sûr que c’est le père et le fils. Et après, une mère et sa fille, même si la fille est blonde, cheveux longs et emmêlés avec un chapeau très campagnard, rondelette comme une paysanne, et la mère cheveux noirs coupés ras, très sophistiqués, lunettes de soleil, maigre comme une parisienne. Ensuite, il y a un mari et sa femme. L’homme est artiste : il a de longs cheveux teints en noir, c’est un homme qui n'a pas l'air de manger à sa faim mais qui a pourtant épousé une jeunette de 18 ans, les cheveux coupés à la garçonne, toute rousse et avec certainement plein de tâches de rousseur. Après, il y a un vieil homme malade, les cheveux blancs presque inexistant, comme s’il avait fait une chimio et qu’il allait mourir pendant le trajet. A côté, un gros punk tout gras avec une longue crête violette sur la tête. Et puis après, deux femmes : une dame du troisième âge avec une longue natte blanche et resplendissante, des lunettes de soleil relevées sur la tête et une roussette à peine majeure dont quelques cheveux seulement sont capables de dépasser de son bob tendance.

Rico réfléchit et se dit que le placement des personnes suit peut être un raisonnement, même obscur. Les gens ne sont peut être pas placés au hasard mais en fonction du pourboire qu’ils ont laissé ou de l’hôtel où ils ont dormi ! C’est tellement bizarre ici que tout est possible.

Rico, il ferme les yeux, et se concentre très fort pour essayer de deviner qui se trouve dans la troisième rangée en commençant pas la gauche.

En notant C pour Coloré et en prenant l'initiale du qualificatif, Rico aimerait bien décrire les cinq personnes suivantes en attachant pour chacune, dans l'ordre, le sexe, la couleur, la longueur et la particularité. Ce qui donnerait par exemple :
HNLGHBCMHRLVHCCJHBLG